Épouse du duc Eudes III
Le duc avait épousé en
1194, en première noce,
Mahaud, fille d’Alphonse, roi de Portugal et veuve de
Philippe d'Alsace, comte de Flandre, mort au siège d’Acre en Palestine, mais il fut obligé de s’en séparer pour cause de parenté en
1198.
La querelle qui régnait entre le duc de Bourgogne et Hugues de Vergy se ralluma en 1196. Un accommodement fut trouvé par lequel le seigneur de Vergy donnait sa fille en mariage au duc Eudes. Pour sa dot, il ajoutait le château de Vergy avec toutes les terres qu’il possédait en deçà de la rivière de Tille. En échange, le duc céda à Hugues tout ce qu’il possédait au-delà, avec la seigneurie de Mirebeau, et il l’investit de la charge de sénéchal de Bourgogne, pour la posséder héréditairement. Le mariage d’Alix de Vergy et du duc Eudes III eut lieu en 1199.
"Ducissa mater ducis Burgondie"
Eudes III mourut en
1218 et Alix devint tutrice du jeune duc Hugues IV alors âgé de six ans. Elle prit les rênes du gouvernement pour dix ans, jusqu'à la majorité du duc en
1228. Elle s’appliqua à maintenir les droits de son fils et s’occupa uniquement du bonheur de ses sujets. Les vassaux les plus élevés vinrent renouveler en ses mains la foi et l'hommage.
Elle reçut en 1218 l’hommage de Humbert V, sire de Beaujeu, pour les terres de Belleville et autres qui relevaient du duché. Son amour pour la paix lui fit prévenir en 1225 une guerre prête à s’allumer entre le duc et le dauphin viennois, dont elle acheta les prétentions sur Beaune et Chalon. En 1227, elle signa un traité avec le comte de Champagne contre le comte de Nevers. En septembre 1231, elle y jugea un débat entre Guillaume de Champlitte, vicomte de Dijon, et les moines de Cîteaux, au sujet de la terre d'Ouges, et par sa prudence, concilia les parties. Les ducs de Bourgogne avaient alors parmi leurs titres honorifiques celui de chanoine de Saint-Martin de Tours. Perard, p. 411, rapporte que cette princesse représentant son fils, fut reçue Chanoine de la Ste Chapelle, après avoir donné le saint baiser à tous les chanoines du chapitre, en signe de fraternité.
Après la majorité de son fils, Alix se retira à Prenois, qui lui avait été assigné pour son douaire. « Elle y faisait valoir deux charrues à boeufs et un troupeau de cinq cents moutons ». Elle fit beaucoup de bien à plusieurs maisons religieuses. Elle fut une des plus grandes bienfaitrices de Cîteaux et les Jacobins de Dijon la regardaient comme leur fondatrice. Elle mourut le 3 mai 1251, âgée de soixante-douze ans, après trente-trois ans de veuvage. Elle fut inhumée à l’Abbaye de Cîteaux près de son mari.
Postérité
Le duc de Bourgogne n’eut de sa femme Alix de Vergy qu’un fils qui lui succéda, Hugues, et trois filles : Jeanne, l'aînée, qui épousa Raoul II, comte d’Eu, en
1222, puis Béatrix, femme de Humbert III, seigneur de Thoiré et Villers en Bresse, et enfin Alix de Bourgogne, sans alliance, qui mourut en
1266 et fut inhumée à l’
Abbaye de Cîteaux,.
Notes
Sources
- Mémoires de la Commission des Antiquités du Département de la Côte d'Or, 1853.
- Histoire des Roys Ducs et Comtes de Bourgogne et d'Arles, A. Duchesne, 1619.
- Description Générale et Particulière du Duché de Bourgogne, Courtépée et Béguillet, 1775.
- Philibert-Bernard Moreau de Mautour, Histoire de l'Académie Royale des Inscriptions et des Belles Lettres, Description historique des principaux monuments de l'abbaye de Cîteaux, t. IX, Paris, 1736, p. 193-232.
- L'art de vérifier les dates des faits historiques des chartes des chroniques et autres anciens monuments, depuis la naissance de Notre seigneur, écrit par un religieux de la Congrégation de Saint-Maur, tome 11, 1818.